mercredi 30 septembre 2009

The Beatles - Help!



La Beatlemania ne semblant jamais se terminer, les financiers derrière le Fab Four continuent à traire la vache à lait le plus possible. Help! est en effet la bande originale d'un nouveau film avec nos quatre garçons dans le vent comme héros. Une fois de plus, ce qui nous intéresse, c'est la musique, et quelle musique. Si les quatre premiers albums ne sont qu'un apéritif pour ce qu'il allait arriver, Help! est le point culminant des préliminaires (oui, les doubles métaphores dans une seule phrase, c'est lourd, je les laisse pour l'exemple ;-) ). Nous sommes quelques mois avant le moment qui verra le groupe passer de popact aux qualités indéniables à groupe le plus important de tous les temps. Help! sera postérieurement reconnu comme plaque tournante entre les deux niveaux.

Des Beatles-groupe rock 'n roll propret, on ne retiendra ici que les fillers (enfin, façon de parler) The Night Before, Another Girl et Tell Me What You See ou encore l'obligatoire morceau lourdingue chanté par Ringo Starr (Act Naturally). De même, on retiendra les qualités de It's Only Love et I've Just Seen a Face, qui change de rythme de manière totalement inattendue, un des premiers exmeples d'une technique qui sera souvent utilisée dans le futur. Le reste est phénoménal. Help!, le morceau titre, est la pop song parfaite, si ce n'est pour les paroles : Lennon appelle clairement à l'aide, déjà troublé par la célébrité et tout ce qui l'entoure. Il le restera pour les quinze années à venir. Le rythme est frénétique, et ouvre la voie au rock 2.0 : Ticket To Ride.

Lennon avait fièrement remarqué que Ticket To Ride était la première chanson heavy metal, et il n'a peut-être pas tort. La batterie de Ringo est proprement ahurissante, tout comme la basse drone de MCCartney. Macca qui se paie le luxe de jouer de la lead guitar, et quelle guitare. Ticket To Ride est un des plus grands morceaux de l'histoire du rock 'n roll, et un des plus importants. 44 ans après, et aussi cliché que cela puisse être, il n'a pas pris une ride. Ailleurs, Lennon continue à tirer son inspiration de Bob Dylan, et le magnifie : You've Got To Hide Your Love Away reste un classique éternel. Et tant qu'on parle de classique éternel...

Plus de trois mille versions connues, Yesterday est la chanson la plus reprise de tous les temps. La légende raconte que Paul McCartney a composé toute la mélodie dans un rêve, s'est rapidement levé pour l'enregistrer, avant de se lever le lendemain totalement paniqué : et s'il avait plagié un autre morceau sans s'en rendre compte? Il a bien du se rendre à l'évidence : non, Yesterday est à lui. Tellement à lui qu'il est le seul Beatle présent sur l'enregistrement, accompagné d'un quatuor à cordes. Inutile d'en parler davantage, Yesterday et ses deux parties emmêlées est un morceau simplement magnifique de retenue et de lyrisme, qui mérite, lui, d'être dans le top 3 des morceaux des Beatles les plus connus (je suis nettement plus sceptique par rapport à Let It Be et Hey Jude, mais on y reviendra).

Aussi superbe est-il, Yesterday marque la fin d'une époque. Les connaissances bien inspirées du groupe vont bientôt leur faire connaître les joies de certaines substances récréatives, alors qu'ils vont prendre un contrôle de plus en plus complet de leur création artistique (parce que mettre Dizzy Miss Lizzy juste après Yesterday, c'est lourd). C'est ainsi que le prochain album, Rubber Soul, entame la quintette des albums extraterrestres, qui devraient sans doute se trouver dans n'importe quel top 10, si on ne trouvait pas que 5 sur 10, c'est quand même un peu beaucoup. Mais avant Rubber Soul, je clôturerai cette page avec le premier disque de Past Masters, compilation des faces B et morceaux hors album.

vendredi 25 septembre 2009

The Beatles - Beatles For Sale


A notre époque, deux ans entre deux albums, ce n'est pas bien long, un intervalle moyen. Mais dans les années 60, il fallait sortir quelque chose tous les deux mois, parfois au détriment de la créativité. Beatles for Sale est le quatrième album du groupe, et suit le (très bon) single I Feel Fine. Difficile de vraiment savoir si le titre est très second degré, mais BFS est une sorte de retour en arrière pour les Beatles, qui, après avoir sorti le 100% original A Hard Day's Night, se voit de nouveau obligé de refaire quelques reprises pour sortir un album assez long. Malgré le fait que Beatles for Sale soit un album mineur, il n'est pas pour autant dénué d'intérêt.

Par exemple, le style de composition de John Lennon tend maintenant à quitter les classiques compositions d'amour. Il est plus incisif, parfois plus sombre. No Reply, I'm a Loser, n'auraient jamais pu se retrouver plus tôt dans leur discographie. Ce dernier morceau prouve d'ailleurs que Lennon a été influencé par un compositeur dont on entendra encore parler, un certain Bob Dylan. I Don't Wanna Spoil The Party revendique des influences country, alors que Eight Days A Week est le morceau que l'histoire retiendra comme l'extrait de choix. Il est intéressant de noter qu'avec ce morceau, les Beatles (et George Martin) ont commencé à multiplier les prises pour expérimenter. Ces expérimentations allaient bien sûr être la base même des futures compositions du groupe.

Les reprises sont généralement assez peu mémorables, notamment Mr Moonlight, souvent considérée comme la plus mauvaise performance enregistrée des Beatles. La voix de Lennon avait définitivement besoin de repos. Heureusement, il assure totalement Rock 'N Roll Music (Chuck Berry). Macca, quant à lui, n'a pas fourni grand chose ici, même si What You're Doing et Every Little Thing sont assez sous-évaluées. Il allait bientôt écrire un ou deux trucs sympas pour Help!, de toute façon.

Beatles for Sale restera donc un des seuls albums mineurs des Beatles, et surtout, il marque la première fois que leur nouvel album est moins bon que le précédent. Mais au vu de ce qui va suivre, cela n'a pas beaucoup d'importance.

vendredi 18 septembre 2009

The Beatles - A Hard Day's Night



Les Beatles étaient le plus gros groupe du monde. La Beatlemania régnait partout, et tant qu'à faire, autant tirer sur la corde autant que possible, en suivant la mode de l'époque : mettre les popstars dans des films. A Hard Day's Night accompagne le film du même nom, du moins la face A du disque. Ces films ne m'ont jamais intéressé, mais l'album, quel album. Premier album du groupe a ne comprendre que des compositions originales, il contient hit sur hit, dès le premier accord du morceau-titre, peut-être l'accord le plus connu de l'histoire du rock 'n roll. A Hard Day's Night est fantastiquement frénétique, mélodique et étonnamment complexe. John Lennon a parfaitement appris les leçons des reprises, et les surpasse maintenant avec ses originaux. Lennon, qui a d'ailleurs composé une majorité de l'album, comme I Should Have Known Better, If I Fell et ses harmonies vocales ou Anytime At All.

Mais c'est peut-être les morceaux de McCartney qui impressionnent le plus. And I Love Her est proche de la perfection, alors que Things We Said Today a une telle recherche mélodique qu'on pourrait écrire un morceau à partir de chaque ligne. Même si McCartney s'occupait plutôt des morceaux "calmes", il a écrit Can't Buy Me Love (Ringo!), l'autre grand classique rock 'n roll de cet album. Dès ce moment, de toute façon, ce ne sont plus les morceaux "connus" qui font la différence. Chaque morceau vaut la peine d'être (ré)écouté, car le groupe est vraiment en pleine possession de leurs pouvoirs de poprockers mélodiques. Ils continueront encore pendant deux albums, avant de devenir, bien sûr, totalement dingues.

A Hard Day's Night, qui pêche peut-être par une seconde face moins percutante, est donc le premier excellent album du groupe. Ils feront plus bizarre, plus expérimental, et sans doute meilleur, mais en ce qui concerne la pop song parfaite, elle est ici. P
as d'inquiétude cependant : si vous l'avez ratée, elle reviendra.

mercredi 16 septembre 2009

Distribution de musique 2.0 : Bromheads et Ash


Les lecteurs de Music Box Off (version Skynetblogs, faut que j'importe les posts ici, tiens) le savent, je suis avec attention les artistes qui tentent de changer le canevas classique magasin/Amazon/iTunes/15€.

Cette fois, j'aimerais parler de deux nouvelles tentatives différentes, mais originales.





D'abord, les anglais de
Bromheads (ex-Bromheads Jacket), deux albums à ce jour dont l'excellent début Dits From The Commuter Belt. Prenant le contre-pied des récentes déclarations de la grande gueule un peu stupide Lily Allen, ils tentent de prouver que sortir de la musique gratuitement n'est pas un mauvais calcul : ils ont l'intention de sortir un single digital gratuitement, tous les mois pendant six mois. On verra comment tout cela se passe, mais le premier, Boots (une reprise de These Boots Are Made For Walkin') est disponible sur http://www.bromheads.tv. Vous y trouverez aussi des liens Youtube, Twitter, Facebook ou encore Myspace, où ils viennent de poster deux démos pour lesquelles ils attendent du feedback.




Ash est déjà nettement plus connu, notamment pour une série d'excellents singles qui leur ont valu le titre à double tranchant de "Singles Band". Il est vrai que leurs albums ont toujours laissé à désirer, mais leur idée semble vouloir changer cela.

A partir de mi-octobre, les nord-irlandais vont sortir un single (digital + vinyl) toutes les deux semaines, pendant un an. Ils seront disponibles individuellement, mais aussi suivant un système d'abonnement, dont les modalités devraient être bientôt connues.

Leur gimmick, c'est l'alphabet : chaque single portera une lettre, et ils vont accompagner tout cela par une tournée UK de 26 dates, chacune dans une ville portant une lettre différente, d'Aldershot à Zennor.

Le concept est intéressant, mais il faudra voir s'ils sauront tenir la distance, et sortir un morceau de qualité toutes les deux semaines. Le premier, True Love 1980, est en écoute sur http://www.ash-official.com et est assez synthastique.



lundi 14 septembre 2009

The Beatles - With The Beatles



Album numéro 2, With The Beatles et son titre kitschissime ne fera que confirmer la légende. Il détrôna Please Please Me des charts anglais pour lui même s'y installer pendant 21 semaines, portant les Beatles pendant presque un an au sommet. Pourtant, c'est probablement le moins bon album du groupe, le plus faible. Enregistré et sorti rapidement pour capitaliser sur leur immense succès, il reprend le même concept que son prédécesseur : six reprises (RnB/Motown) et huit originaux, dont, pour la première fois, un morceau de George Harrison (le dispensable Don't Bother Me).

On ne s'y attardera donc pas trop, même s'il comprend tout de même quelques passages intéressants, dont le mémorable All My Loving, montrant déjà le sens inné de la mélodie qui sera la marque de Paul McCartney pour les années à venir. En fin d'album, le superbe And I Love Her préfigure un certain Yesterday, et on notera aussi le méconnu Not a Second Time. Sinon, on remarque vite que l'album a été conçu comme photocopie de Please Please Me, avec Roll Over Beethoven pour "faire" Twist and Shout, par exemple.

Mais il faut tenir compte du fait que c'est tout de même le second album du groupe en six mois et qu'à l'époque, on alternait albums et singles : les Beatles venaient de sortir l'excellent She Loves You, alors que le non moins fantastique I Wanna Hold Your Hand allait suivre un mois après. On reparlera des morceaux non-albums lorsqu'on parlera des Past Masters, bien sûr. With The Beatles restera toujours connu comme le second album des Beatles, sans doute le moins intéressant, mais la rampe de lancement vers l'album qui définira la Beatlemania, A Hard Day's Night.

jeudi 10 septembre 2009

The Beatles - Please Please Me



And so it begins... La série, qui s'entame donc aujourd'hui, de chroniques des albums remasterisés des Beatles n'est pas censée (ré)écrire l'histoire des quatre de Liverpool, mais sera simplement un point de vue très subjectif. L'oeuvre des Beatles est profondément ancrée dans son époque, c'est pourquoi je ne peux que conseiller la lecture du fantastique Revolution In My Head, de Ian Macdonald, qui non seulement analyse chaque morceau du groupe, mais replace le tout dans son contexte.

En quelques mots, le contexte de Please Please Me est simple. L'industrie du disque est fort différente de maintenant, et voulait à l'époque capitaliser sur un jeune groupe qui créait des vagues, notamment grâce à leurs shows en résidence au Cavern Club de Liverpool. C'est donc tout naturellement que l'album correspond à leur setlist de l'époque, et qu'il a été largement enregistré live en studio. Le succès est immense : trente semaines numéro 1 des charts britanniques, et le point de départ d'une légende, qui est aujourd'hui remise à neuf grâce aux remasters mono et stereo.

Au risque de commetre un blasphème, je ne suis pas un grand amateur des premiers albums. Please Please Me semble être reconnu comme le meilleur de la période "rock 'n roll" du groupe, et c'est vrai qu'il est intéressant à plusieurs égards. Mais il est très très loin d'attendre l'invraisemblable brillance que le Fab Four atteindra à plusieurs reprises quelques années plus tard. En fait, la principale qualité de l'album n'est même pas musicale, c'est ce qu'il représente : pour la première fois, un groupe de musiciens "pop" sort un album sur lequel ils chantent (tous, même), jouent de leurs propres instruments (avec notamment une section rythmique McCartney/Starr très solide) et composent une majorité de morceaux (huit sur quatorze). Ce qui n'était pas évident du tout à l'époque.

Parlons tout de même un peu de musique. Forcément, c'est brut et primitif, on est tout de même en 1963. Et même s'il ne faudra que quelques années pour que les Beatles (et certains de leurs pairs, n'oublions pas) révolutionnent la musique populaire, ici, c'est le début. On sent un groupe qui se cherche, notamment au niveau des voix : les cinq premiers morceaux voient quatre lead vocalistes différents se succéder. Quatre vocalistes qui d'ailleurs, chantent juste. De même, les contraintes de production et de marketing font que les compositions personnelles ne doivent pas s'éloigner trop des reprises. Il n'empêche que les toutes premières compositions estampillées Lennon/McCartney (pas encore de compos de Harrison) sont souvent meilleures que les reprises, et comprennent déjà quelques éclairs de génie, comme la ligne de piano de Misery, ou le rythme probablement indécent de Love Me Do (batterie jouée par Andy White, la version Ringo étant encore plus puissante).

I Saw Her Standing There et Please Please Me sont sans doute les deux autres originaux qui sortent du lot, mais c'est la reprise finale qui restera le morceau de choix de l'album. Enregistré en toute fin de session, Twist and Shout est électrique, et aussi puissant qu'un morceau pop pouvait être à l'époque. La voix de John Lennon, qui était préservée jusque là, se rapproche de la rupture, et montre à quel point ces quatre-là possédaient des talents complémentaires hors pair. On n'avait encore rien vu.

mercredi 9 septembre 2009

The Beatles Remasters : introduction explicative


Vous l'avez probablement entendu/lu quelque part, un vieux petit groupe refait parler de lui ces jours-ci. Pour voir un peu plus clair, voici un résumé de ce qui se passe avec les remasters des Beatles et Music Box.

Aujourd'hui, le 9/9/9, sortent les albums des Beatles, remasterisés pour la première fois depuis leur sortie en cd, qui date de 1987. Pour faire court, les albums avaient besoin d'un gros dépoussiérage, et ce dernier est magnifique.


Les albums sortent de trois manières :

- individuellement, les douze albums studio + Magical Mystery Tour et la (double) compilation de morceaux hors albums Past Masters. Ce seront les mixes stéréo, pour la première fois en ce qui concerne les quatre premiers albums. Chaque album est accompagné d'un documentaire en quicktime, ainsi que des notes d'époque.

- un box reprenant tous les albums qui sortent individuellement, avec un DVD reprenant les documentaires

- un box plus particulier, qui comprend les dix albums sortis à l'époque en mono, autrement dit, de la manière à laquelle on était tous censés les écouter. De plus, Help! et Rubber Soul comprennent le mix stereo d'origine (les versions cd de 1987 avaient été remixées pour l'occasion). Past Masters est ici renommé Mono Masters, et comprend les morceaux non-albums mono, y compris un EP 4 titres jamais sorti pour accompagner Yellow Submarine (le film).


Ce qui fait donc trente disques, et un certain temps pour tout ingurgiter. Après quelques écoutes, deux conclusions sont évidentes : d'abord, le son est totalement somptueux, et surpasse non seulement les cd de 87 (ce qui n'était pas difficile) mais aussi les remasters officieux du Dr. Ebbetts. Ensuite, les versions mono me semblent préférables quand c'est possible, pour des raisons de fidélité, mais aussi de qualité sonore : on peut remasteriser ce qu'on veut, mais à l'époque, l'enregistrement en stéréo, ce n'était pas encore au point.

Mais je ne veux pas rentrer dans des détails trop techniques : les articles qui, j'espère, seront publiés ici régulièrement feront part de mes impressions en tant qu'auditeur, pas en tant que technicien qui repère le moindre détail, la moindre différence entre les versions.

On commencera donc avec Please Please Me, pour se terminer un jour avec Let It Be.

"When I get to the bottom, I go back to the top of the slide..."

mardi 1 septembre 2009

9/9/9


Dans une bonne semaine, le 9/9/9, sortiront enfin les albums des Beatles en version remasterisée. Pour faire court, je dirai simplement que les albums cd des Beatles, qui ont, je pense, une certaine importance dans l'histoire du rock ont un son assez horrible. Il aura fallu très longtemps pour qu'on se décide enfin à retravailler les enregistrements (à partir des masters de base) mais il paraît que les résultats sont stupéfiants.

Tout le monde connaît ses albums, mais il sera très intéressant de les redécouvrir avec un son qui leur rend enfin justice.

Pour ma part, je publierai une chronique de chacun des albums, dès que je pourrai. Je pensais réactiver RetroMusicBox pour l'occasion, mais deux blogs, c'est déjà pas mal : ce sera donc ici.

De Please Please Me au double Past Masters, en passant par les légendaires Revolver, Rubber Soul, The Beatles, Abbey Road, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band et tout le reste, je suis assez impatient de tout écouter et de faire partager mes impressions, sur des albums vieux de plus de quarante ans.